Seuls 2 villages en Corse sont classés parmi les Plus Beaux de France : celui-ci est un trésor perché au-dessus de la mer

Je me souviens précisément du virage. Celui qui, après avoir quitté Cargèse, m’a offert la première vue sur Piana, suspendu au-dessus du golfe de Porto, comme un nid d’aigle posé sur un promontoire. Nous sommes en Corse-du-Sud, à une heure trente de route d’Ajaccio, sur cette côte ouest indomptée que la Méditerranée vient caresser avec nonchalance.

Piana est situé aux portes des célèbres calanques du même nom, inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO aux côtés du golfe de Girolata et de la réserve naturelle de Scandola. Autant vous dire que vous n’êtes pas là par hasard.

Autre fait remarquable sur ce village ; Piana et Sant’Antonino sont les deux seuls villages de Corse à être classés parmi les Plus Beaux Villages de France. Pour dire à quel point ils sont immanquables ! 

À proximité, vous pouvez aussi explorer Porto, un petit port charmant au pied des falaises, faire une virée vers Evisa et ses forêts de châtaigniers, ou encore partir à l’assaut de la route des gorges de la Spelunca, l’une des plus belles de Corse. C’est un coin où chaque virage est une invitation au vertige… et à la photo.

Piana, c’est un peu comme si la Corse avait décidé de résumer tout son charme en un seul village. Ici, les maisons en pierre rosée, couleur granit, s’accrochent aux pentes comme pour mieux admirer le coucher de soleil sur la Méditerranée. Le cœur du village est minuscule, mais d’une intensité rare.

L’église Sainte-Marie, datant du 18e siècle, trône au centre avec sa façade baroque immaculée. Quand les cloches résonnent, c’est toute la vallée qui semble vibrer. Le plus beau moment ? À l’heure dorée, quand la lumière glisse sur les murs, que les chats s'étirent sur les marches, et que l’odeur du maquis entre en scène.

Le village a su préserver un caractère authentique, loin des circuits touristiques trop balisés. On s’y promène dans un silence feutré, troublé uniquement par les conversations en corse ou le bruit du vent dans les cyprès. Le label "Plus Beaux Villages de France", il le porte avec une modestie désarmante. Rien de tape-à-l’œil ici. Juste du vrai, du brut, du sublime.

On ne vient pas à Piana juste pour se promener dans ses ruelles – on y vient pour en prendre plein les yeux. Et ce serait presque criminel de ne pas vous parler des calanques de Piana, qui débutent littéralement à la sortie du village.

Imaginez : d’immenses falaises rougeoyantes, sculptées par le vent et le temps, plongeant dans une mer d’un bleu indécent. On peut les découvrir à pied, en empruntant le sentier du château fort, qui serpente au milieu des roches en forme d’animaux – certains voient un cœur, d’autres une tête de lion. Gratuit, balisé, un peu sportif, mais accessible à tous avec de bonnes chaussures.

Une autre option ? Le kayak depuis la plage d’Arone. Accessible en voiture depuis Piana (comptez 20 minutes de route sinueuse et grandiose), c’est ici que j’ai eu l’un de mes plus beaux souvenirs de voyage : pagayer en silence sous les falaises, avec juste le clapotis de l’eau et le cri des mouettes.

Pour les amateurs de sensations, il est aussi possible de faire une balade en bateau au coucher du soleil, au départ de Porto (à 20 minutes). Comptez environ 30 à 40 € pour une excursion de deux heures dans les calanques, avec arrêt baignade. Oui, c’est cliché, mais c’est inoubliable.

S’il y a bien un endroit en Corse où j’ai mangé le plus de fromage sans culpabiliser, c’est ici. Il faut dire que les terrasses du village, avec vue sur le golfe, appellent à la dégustation.

Ne partez pas sans goûter au brocciu, ce fromage frais de brebis (ou de chèvre), souvent servi en beignets sucrés (les fameux "fritelle"), ou en omelette aux herbes du maquis. En version salée, le brocciu farcit aussi les cannellonis corses, nappés d’une sauce tomate maison. Un régal.

Dans les auberges du coin, on trouve aussi du sanglier en sauce ("civet de sanglier"), des charcuteries fumées au feu de bois, et des desserts à la farine de châtaigne, comme les fiadone (flan corse au citron et au brocciu). Arrosez tout ça d’un verre de vin rouge de la région de Sartène ou de Calvi, et vous aurez un repas aussi corsé que la montagne voisine.

Mon coup de cœur ? Une petite auberge sur la route d’Arone, avec une terrasse ombragée, des plats simples mais excellents, et un patron qui vous parle du village comme s’il était un personnage. Il l’est peut-être, d’ailleurs.