5 villages oubliés du Périgord pour fuir les foules

La Dordogne, en région Nouvelle-Aquitaine, évoque instantanément des images de bastides médiévales, de rivières sinueuses et de forêts profondes où le temps semble s’être arrêté. Ce territoire aux paysages contrastés se divise en quatre couleurs : le Périgord noir, célèbre pour Sarlat et la vallée de la Dordogne ; le Périgord vert, royaume des collines boisées ; le Périgord blanc et ses plateaux calcaires ; le Périgord pourpre, terre de vignobles. On y vient pour explorer les châteaux de Beynac et Castelnaud, pour admirer les peintures rupestres de Lascaux, pour savourer une cuisine où le foie gras, la truffe et la noix règnent en maîtres. Mais derrière ces icônes touristiques, le Périgord cache des villages oubliés des foules, où l’authenticité et le silence se font complices d’un voyage hors du temps.

Au creux d’un méandre de la Vézère, Saint-Léon-sur-Vézère, classé parmi les plus beaux villages de France, est un écrin préservé où la pierre blonde des maisons se reflète dans l’eau tranquille de la rivière. Il fait d’ailleurs partie des incontournables à visiter en Dordogne. Ici, pas de boutiques tape-à-l’œil ni de bus de touristes. Juste le bruissement des feuilles et le pas discret des quelques visiteurs égarés. L’église romane, austère et magnifique, se dresse au centre du village, témoin silencieux des siècles passés. 

La meilleure façon de découvrir ce village est depuis la rivière, en glissant sur un canoë. On pourra alors y croiser des martin-pêcheurs, des hérons immobiles sur les berges et parfois, au détour d’un méandre, la silhouette d’un château oublié. 

En fin de journée, le restaurant de la Poste, niché dans une bâtisse du XVIIe siècle, propose une terrasse ombragée où déguster un confit de canard en observant la lumière dorée embraser la pierre du village.

Mais l’un des trésors les plus fascinants de Saint-Léon-sur-Vézère se cache dans la falaise qui domine la vallée. À quelques pas du village, le site troglodytique de la Roque Saint-Christophe impressionne par sa démesure. Cette immense forteresse naturelle, perchée à flanc de falaise, fut occupée dès la Préhistoire avant d’être aménagée en village fortifié au Moyen Âge. On y découvre encore les traces des habitations creusées dans la roche, des cheminées, des citernes et même d’anciennes échoppes. Le panorama sur la Vézère est spectaculaire, et l’on imagine sans peine la vie des hommes qui, pendant des siècles, ont trouvé refuge dans ce décor hors du commun.

Dans un repli du Périgord noir, Urval se laisse découvrir comme un secret que l’on ne partage qu’à voix basse. Le village est minuscule, à peine une poignée de maisons serrées autour d’un joyau médiéval : son Four Banal, encore en activité, qui sert de point de ralliement aux habitants lors des grandes occasions, notamment lors de la fête du village en août. Ce vestige du XIVe siècle, aux allures de chapelle, témoigne d’une époque où les villages vivaient en autarcie, chaque famille venant y cuire son pain.

Urval semble avoir été figé dans une époque indéfinie, où le temps ne s’écoule plus tout à fait comme ailleurs. Ici, on ne croise ni boutiques ni restaurants. Seulement des ruelles étroites bordées de murets en pierre, des volets patinés par le soleil et des chemins de randonnée qui serpentent entre les falaises calcaires et les forêts de chênes verts. 

Les amateurs de littérature et de vieilles légendes connaissent peut-être Fanlac sans le savoir. C’est ici qu’Eugène Le Roy a situé l’histoire de Jacquou le Croquant, ce paysan révolté contre l’injustice des nobles. Le village semble tout droit sorti d’un roman du XIXe siècle. Des maisons aux volets colorés, une petite place où trône une fontaine en pierre, un calme presque irréel : Fanlac a su préserver une atmosphère d’autrefois, loin des circuits touristiques.

Les forêts qui entourent le village cachent un autre trésor : d’anciennes cabanes en pierre sèche, vestiges de la vie paysanne du Périgord. Ces abris rustiques, appelés bories, servaient autrefois aux bergers et aux agriculteurs. Certaines sont aujourd’hui à l’abandon, envahies par le lierre et les ronces. 

Si l’on devait nommer un seul village pour incarner la puissance et la sérénité du Périgord, ce serait Saint-Amand-de-Coly, classé Plus Beau Village de France.
Son église abbatiale fortifiée, massive et imposante, semble protéger le village depuis des siècles, défiant le temps et les guerres. Construite entre le XIIe et le XIVe siècle, elle impressionne par ses murs épais et son clocher austère.

Mais derrière cette austérité, Saint-Amand-de-Coly cache un charme indéniable. Ses maisons en pierre blonde, adossées aux collines, semblent absorbées par la végétation. Les sentiers qui partent du village offrent des panoramas magnifiques sur la vallée, entre champs de noyers et prairies verdoyantes. Après une marche revigorante, rien de tel qu’une halte à l’auberge locale, où l’on peut savourer une assiette de cabécou accompagné d’un verre de vin de Domme.

En Périgord noir, Carlux est une invitation à ralentir. Dominé par les ruines d’un château médiéval, le village se dévoile entre ruelles étroites et jardins fleuris, loin de l’agitation des grands sites touristiques. Ici, on prend le temps d’observer une porte sculptée, un linteau gravé, un escalier usé par des générations de pas. 

À quelques minutes du village, le Jardin de Planbuisson offre un contraste surprenant avec l’austérité du Périgord. Ce jardin botanique, spécialisé dans les bambous et les graminées, déploie une végétation luxuriante qui évoque les forêts tropicales. Une parenthèse exotique inattendue, à deux pas d’un village où l’histoire se lit dans chaque pierre.

Le Périgord est une terre de contrastes, entre sites incontournables et villages oubliés. Ceux qui prennent le temps de s’écarter des routes tracées y découvriront un patrimoine intact, des paysages intimes et une douceur de vivre insoupçonnée. Saint-Léon-sur-Vézère, Urval, Fanlac, Saint-Amand-de-Coly et Carlux sont autant de promesses de découvertes hors du temps, où l’authenticité n’est pas un argument marketing, mais une réalité. Il suffit de s’y perdre pour comprendre que le vrai charme du Périgord réside parfois là où personne ne regarde.